„Le Club des incorrigibles optimistes“ de Jean-Michel Guénassia

Buch der Woche 28 im Lafayette Livres BerlinL’avis du libraire: Michel a 12 ans en 1959 et préfère jouer au baby-foot au Balto que de repasser ses leçons. Dans une arrière salle du bar, il découvre un jour « Le club des incorrigibles optimistes », lieu de rencontre de réfugiés politiques venant du bloc de l’Est recevant de temps à autres la visite de voisins prestigieux : Sartre et Kessel. Au travers des yeux de Michel adolescent, Jean-Michel Guenassia brosse avec générosité le portrait d’une France portée par l’élan des 30 glorieuses et déchirée par la guerre d’Algérie, des aspirations de sa jeunesse et des rêves nostalgiques de ses immigrés.

Premières lignes : Ce fut la seule fois de ma vie où j’ai vu mes deux familles réunies. Enfin une partie et ça faisait déjà une vingtaine de personnes.  Le jour de mon anniversaire, j’ai eu un mauvais pressentiment. Un danger inconnu, sans pouvoir l’identifier. Plus tard j’ai décrypté  certains signaux qui auraient dû me sauter aux yeux. J’étais trop jeune pour les comprendre, absorbé par la fête et les cadeaux. Je voyais mes camarades, ils avaient une famille et une seule ; moi, j’en avais deux , distinctes.  Elles ne se côtoyaient pas. Les Marini et les Delaunay. La famille de mon père et celle de ma mère. Ce jour-là, j’ai découvert qu’elles se détestaient. Il  n’y avait que mon père pour aller, toujours enjoué, de l’une à l’autre, le plateau de jus de fruit à la main  en prenant la voix de Gabin ou de Jouvet : – Un petit jus d’orange ? Vous pouvez y aller, il sort du fruit. Les Marini se tordaient de rire. Les Delaunay ont levé les yeux au ciel.

Jean-Michel Guénassia : Le Club des incorrigibles optimistes. 756 pages. Albin Michel. 27.95 €