„Murakami explore une fois encore dans ce recueil de nouvelles le bizarre et l’onirisme qui habitent notre quotidien. À lire sans modération.“
Les premières lignes: Je fermai les yeux pour mieux percevoir les parfums du vent. Une brise de mai, gonflée comme un fruit à la peau rêche, à la pulpe onctueuse, aux graines abondantes. La pulpe se répandait dans l’air, relâchant les graines semblables à une douce chevrotine qui atteignait mes bras nus. Je ne ressentais pas la moindre douleur. « Quelles heure est-il ? » me demanda mon cousin. Comme il avait bien vingt centimètres de moins que moi, il était obligé de lever la tête pour me parler. Je jetai un œil à ma montre.
« Dix heures vingt.
_ Ta montre est exacte ?
_ Oui, je crois. »
Mon cousin me saisit le poignet pour vérifier lui-même. Ses doigts minces et humides étaient étonnamment puissants.
« Dis-moi, elle vaut cher ?
_ Pas du tout. Elle est très bon marché », répondis-je en consultant l’heure encore une fois.
Aucune réponse de sa part. Je l’observai brièvement. Il semblait confus. Ses dents blanches entre ses lèvres, on aurait dit des os sclérosés. « Elle est bon marché, répétai-je en le regardant, articulant soigneusement chaque mot. Bon marché, mais elle donne l’heure juste. » ´ Mon cousin hocha la tête en silence.